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Appel à communications (colloque Tract et/ou n°38 Palimpsestes)
TRADUCTION LITTÉRAIRE ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : THÉORIE, PRATIQUE, CRÉATION
Les jeudi 20 et vendredi 21 octobre 2022 - Sorbonne Nouvelle Maison de la recherche, 4 rue des Irlandais, 75005 Paris Salle Athéna
Date limite de soumission des résumés : 6 juin 2022 Notification d'acceptation : 1er juillet 2022
Conférence plénière Antonio Toral, Computational Linguistics Group, Center for Language and Cognition, Université de Groningen
Atelier pratique Comment entraîner son propre programme de traduction automatique neuronale, avec Damien Hansen, traducteur, doctorant, Universités de Liège et de Grenoble-Alpes
Introduction Début 2020, nous avions évoqué l’opportunité d’organiser un cycle de séminaires du TRACT consacré à la traduction automatique (TA) des textes littéraires. Depuis, cette question fait l’objet d’un nombre toujours croissant de colloques, articles et autres monographies. Ce sont probablement les « progrès » fulgurants des outils de TA mis à la disposition du grand public — en particulier DeepL et Google Translate qui utilisent les avancées de la Traduction automatique neuronale (TAN) de la dernière décennie — qui ont rendu désormais incontournable la prise en compte de ce phénomène par le milieu de la traduction littéraire. En effet, ces outils, notamment en raison de leur capacité à traiter quasi instantanément une quantité de texte impressionnante, viennent renforcer dans l’imaginaire du public l’idée selon laquelle la traduction, le passage d’une langue à l’autre comme l’on dit communément, est « automatique », direct, manifestation d’un rapport biunivoque qui unirait deux langues entre elles. C’est revenir à une conception simpliste de la langue, vue comme un simple code, que les traducteurs se contenteraient de décoder puis ré-encoder, en suivant des règles de transformation ou algorithmes. C’est d’ailleurs ainsi que les premières machines à traduire ont été imaginées et conçues avant d’être supplantées par la traduction statistique puis par la traduction automatique dite « neuronale ». Cependant l’échec cuisant et patent des premières tentatives de traduction automatique conduisit à la suppression totale et subite du budget accordé à ces recherches en 1966 aux États-Unis suite aux conclusions du rapport ALPAC. De plus, les imperfections encore sensibles de la TA ne s’appuyant que sur le traitement statistique d’énormes corpus parallèles semblaient ne jamais pouvoir remettre en question le rôle des traducteurs humains (encore appelés « bio-traducteurs »). Jusqu’à une date récente, seuls les traducteurs spécialisés ou pragmatiques avaient souvent recours à la traduction assistée par ordinateur ou TAO. Pourtant, avec l’avènement rapide de la TAN, même les traducteurs littéraires craignent de voir leur autonomie, leur statut d’auteur (leur “agentivité”/agency) menacés. La dimension créative du travail, revendiquée par les traducteurs depuis tant d’années, serait oubliée pour laisser place à une activité ancillaire—de correcteur ou correctrice, dans le cadre de ce qu’on appelle désormais la post-édition. L’homme au service de la machine en quelque sorte. En effet, on voit bien quels avantages des éditeurs peu scrupuleux pourraient en tirer. Notamment s’agissant de la littérature dite de « genre », qui, de fait, s’inscrit souvent, dès l’écriture originale, dans des cadres assez « formatés » répondant à des schémas souvent répétitifs. La traduction automatique neuronale d’ouvrages de fantasy ou de romance, par exemple, permettrait un formidable gain de temps et donc d’argent qui ne manquerait pas de modifier les pratiques du monde de l’édition. Tout se passe donc comme si, face à cette situation, les praticiens et théoriciens de la traduction littéraire, ne pouvaient plus rester attentistes. L’Observatoire de la traduction automatique mis en place en 2019 par ATLAS, l’Association pour la promotion de la traduction littéraire, en est une des illustrations concrètes en France. Il ne s’agit pas d’adopter une position défensive, mais de tenir compte du changement de paradigme dans la traduction qu’implique l’émergence de la TAN. Celle-ci, de toute façon, ne disparaîtra pas et est même susceptible, selon certains spécialistes de l’I.A., de progrès qui, à terme, pourraient supplanter les bio-traducteurs. C’est pourquoi, au-delà des craintes suscitées par la TAN chez les professionnels de la traduction, et au-delà des critiques sur la qualité des traductions qu’elle produit, nous souhaitons nous interroger sur les déplacements que la TAN induit dans nos manières d’envisager la traduction. En d’autres termes, ce que fait la TAN au concept de traduction et, partant, à la théorie de la traduction. Comment notre expérience de la traduction, modifiée par la présence de la machine, infléchit nécessairement notre manière de réfléchir (sur) la traduction. La machine est-elle à même de saisir la singularité du style d’un auteur, de ce qu’il fait avec et à la langue ? Peut-elle trouver une stratégie capable de restituer cette transformation complexe, d’une manière ou d’une autre ? Cela nous conduit à une interrogation renouvelée sur ce que veut dire « comprendre » un texte, et plus généralement « lire » un texte, a fortiori si on considère avec G. Steiner que « comprendre c’est traduire ». Peut-on dire que la machine lit le texte pour le traduire comme le fait le bio-traducteur ? Traduire implique la mise en œuvre d’une forme extrêmement raffinée de la pensée. Or la question posée dès 1950 par Alan Turing, l’un des pères de l’intelligence artificielle (IA), n’était-elle pas « Can machines think? », c’est bien là toute la question en effet. Comment le traducteur humain appréhende-t-il le texte source ? La lecture du texte à traduire est-elle différente de la lecture plaisir ? Par quels chemins, hésitations, retours en arrière, consultations de dictionnaires etc., le traducteur aboutit-il au texte cible ? La machine peut-elle définir son texte cible et y adapter ses stratégies traductives ? Les recherches sur les processus cognitifs à l’œuvre chez les traducteurs humains peuvent-elles jeter un éclairage utile sur ces questions ?
Notre colloque se propose de mener l’enquête selon trois axes (qui forcément se recoupent en certains points) :
Dans ce cadre on pourra s’intéresser, entre autres, aux questions suivantes :
Vous souhaitez contribuer ? Les propositions de contribution (communication universitaire ou atelier pratique) en français ou en anglais devront être adressées avant le 6 juin 2022 ici. (Au préalable, prière de créer un compte sur Sciences Conf). Les contributions doivent comporter :
La réponse parviendra aux auteurs des propositions au 1er juillet 2022. Une sélection de contributions sera publiée dans le 38ème numéro de la revue Palimpsestes.
Toute demande d’information peut être adressée au préalable à : Bruno Poncharal bruno.poncharal@sorbonne-nouvelle.fr Carole Birkan-Berz carole.birkan-berz@sorbonne-nouvelle.fr Équipes de recherche Crédit photos thisisengineering-raeng-8hgmG03spF4-unsplash
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